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The armor 5

   Je décidais de sortir pour voir si la lumière du soleil pouvait y être pour quelque chose, après tout, j'avais trouvé l'engin dehors, ça pouvait être une solution. Je descendis les trois marches qui me séparaient de l'appentis arrière, personne ne me verrait à cette heure-ci. Mais arrivée à la dernière, je m'empêtrais les jambes et me retrouvais allongée de tout mon long sur le sol. La chute fut rapide, mais la réception extrêmement douce. Je n'avais mal nulle part, c'était comme tomber dans un airbaig géant.
   Je me relevais sans mal avec des idées euphoriques plein la tête : peut-être que c'était une chose qui protégeait, une armure quoi. Moi Valérie Marcadet plus de 40 ans, mère de deux enfants et toute sa tête, je m'apprêtais à faire une chose parfaitement stupide : et si je me jetais contre un mur, que se passerait-il ? J'avais vu que ça me protégeait, et, si ça s’abîmait, au moins ça tomberait ou disparaîtrait ou tout autre chose qui m'en libérerait. 
   Ni une ni deux, je pris de l'élan et me jetais de toute mes forces contre le mur en béton du garage de mon mari : boom, cela fit résonner les trois autres murs et le plafond. Mais je n'avais toujours rien, j'étais très confortablement détendue à attendre que quelque chose arrive à mon armure. Rien, hormis de la poussière et des araignées mécontentes, sans compter quelques oiseaux effrayés. Rien.
   C'était bien une armure, mais comment l'enlever, comment sortir ce fichu machin qui ne me servait à rien dans l'immédiat ? Je finis par m'asseoir dehors, au soleil, cachée derrière la maison au milieu des arbustes pour réfléchir. Je regardais mon poignet droit là où j'avais placé le bracelet, on pouvait voir que l'armure était légèrement enfoncée à cet endroit là. Je décidais de passer l'autre main dessus, de le caresser, d'appuyer, au bout d'un moment, j'entendis un clic sur le dessus et au-dessous à l'opposé.
    Mais rien de plus. Si cette armure était reliée à moi, à qui j'étais, dans le fond elle avait changé en bracelet pour me faire plaisir, il fallait peut-être que je lui demande de rétrécir... Je pensais "stop, déposer, retirer, enlever, sortir", ça ne marchait pas... Puis je pensais à mes cours de sophrologie, au fait que je voulais toujours tout contrôler et, que des fois, il fallait changer de point de vue pour relativiser une situation critique. Si j'étais cet objet, qu'est-ce que je penserais : que j'ai aidé une parfaite inconnue et que je devais lui montrer l'étendue de mes capacités et qu'elle devrait m'en être reconnaissante... Du coup, je pensais "merci !" en appuyant sur les points que j'avais vu : et l'armure se mit à se rétrécir pour redevenir un simple bracelet, collant certes, mais parfaitement inoffensif.

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