Article épinglé

Pour A. et ses frères

Comme une cigarette
Qui pollue la personne
Mais a aussi des effets sur l'entourage
Le tabagisme passif
Pour rester dans les termes justes,

Il y a les gens
Volontairement
Agressifs
Et méchants
Ceux-là on les repère de loin
On les fuit comme la peste
Et c'est comme une malédiction
Quand, par malheur, ils s'abattent sur vous.

Et puis, il y a tous les autres
Ceux que vous aimez bien
Mais qui vous font quelque fois
Du mal 
Sans le savoir.

La sensibilité est toujours
A double tranchant
Elle est utile à l'artiste
A l'écrivain,
Mais peut aussi s'avérer nocive
A ceux-là même 
Qui l'utilisent

Il faut construire
Son for intérieur
Le renforcer
Sans arrêt
Surtout en état de fatigue...

Car c'est alors, que se révèle
Votre personnalité profonde,
Quand pour un objet réfugié par erreur,
Vous vous mettez à fondre
En larmes inextinguibles,
Devant la fragilité démasquée
D'une parente adorée.

Combien de temps 
Les douleurs de l'enfance
Mettent-elles à s'effacer ?
Reçoivent-ils un châtiment
Les parents indignes
Dans l'au-delà ?
Savent-ils bien
Combien de vies
Ils ont amoché
Avec leur égoïsme forcené ?

L'amour est un engrais puissant,
Mais l'absence d'amour 
Ne se comble que difficilement...





Le silence des églises

J'aime entrer dans une église
Seule
Lorsqu'elle est vide
Et ressentir ses vibrations

Petite, j'assistais aux messes
Forcée
Comme d'autres
Ne comprenant rien 
A toutes ces simagrées

Je me moquais
Gentiment 
De ma mamie
Qui me demandait 
De traduire
Les litanies latines,
Bien plus efficaces
Que leurs traductions
Françaises,
Selon elle

Ce n'est que maintenant
Que je m'essaye 
A la méditation
Que j'en comprends 
La profondeur

Ce n'est que maintenant
Que j'ai vu 
Cet épisode du Docteur
Qui renaît
Grâce à la ferveur
Des prières individuelles
Conjuguées
Que je comprends

Ce que je ressens 
Dans les églises vides
Ce sont les vibrations
Du Monde
Ce sont les vibrations 
Des prières
Des gens,
C'est la ferveur, 
L'enthousiasme
La foi

Celle qui illuminait
Mon oncle
Le curé
Lorsqu'il parlait
De sa chère Bible
Cette auréole invisible
Qui rendait certain
L'incroyable


Les Néréides -fin

Ils commençaient à être inquiets : et si les créatures décidaient de sortir de la crique, et si elles allaient faire du mal à l’extérieur ?... Ils les savaient capables du pire, et cependant, c’était un peu de leurs enfants. Lorsque les premiers meurtres furent commis, ils comprirent que c’était à eux d’agir. Ils avaient renoncé depuis longtemps à un quelconque antidote, ils avaient fait de très nombreuses tentatives en laboratoire : des échecs cuisants. Pour finir, ils résolurent de fermer la crique, ce qui maintiendrait le groupe là, tout en laissant le temps de réfléchir à une autre stratégie. Je fus chargée de partir acheter le nécessaire pour faire sauter les deux côtés de la crique. J’étais leur bonne, femme à tout faire plus ou moins, nounou aussi avec les enfants la plupart du temps. C’est moi qui allais faire les courses et faisais les repas, sinon mes employeurs oublieraient de manger.
Je m’arrangeais pour ne pas acheter tout, au même endroit, pour ne pas éveiller les soupçons. Je revins rapidement et l’on se mit à disposer les charges explosives à des endroits stratégiques. Pendant ce temps, le scientifique prépara un barbecue sur la plage. Nous avions remarqué que les créatures étaient très gourmandes de viande cuite et curieuses de voir le processus pour faire du feu. Elles en étaient presque hypnotisées. Et nous espérions qu’elles seraient toutes réunies là au bon moment.
Cependant, tout ne se déroula pas comme prévu. Les créatures de la dernière génération soupçonnèrent quelque chose, en ne voyant pas les femmes s’affairer comme elles auraient dû. Je fus la première à revenir, et, je me réjouis du barbecue en proposant d’aller chercher les aliments à griller. Le scientifique était entouré d’une dizaine de créatures, silencieuses, absorbées par le crépitement du feu et des braises, leurs queues ondulant en rythme et il me fit un clin d’œil appuyé. Cependant, sa femme n’était toujours pas là, ça faisait une bonne demi-heure que j’étais rentrée, et pas elle. Pourtant, en tant que scientifique, elle était plus expérimentée que moi pour les préparations de cette nature. Je commençais à voir les mêmes soupçons chez son mari, qui scrutait frénétiquement le côté de la crique d’où elle devait venir.
Pour finir, la solution vint de la mer. Une créature de deuxième génération en sortit puissamment, visiblement très énervée, il tenait dans sa queue des fils électriques arrachés. Il n’eut pas à faire de longues explications, pour que toutes les créatures sur la plage nous fixent d’un air dangereux et menaçant. On se mit à reculer doucement, il tenait encore à la main une pince du barbecue.
« Où est ma femme ? » balbutia-t-il. Pour toute réponse, la créature se tourna vers un bosquet de la crique, une créature de dernière génération, sur ses deux jambes, en sortit, traînant négligemment derrière elle, un corps, horriblement difforme. « Ils ont voulu nous tuer ! dit-elle, Attrapez-les ! »
Sans réfléchir, ni se concerter, on se mit à courir à toutes jambes, en pensant les ralentir un peu sur terre. Le professeur se saisit au passage de son téléphone et essaya de prévenir les secours. Je pris le temps de fermer la porte de derrière avec le plus de verrous possibles, ils en avaient rajouté au fur et à mesure des naissances. Prise de panique, je ne savais que faire, monter et tenter de fuir en voiture, descendre et me cacher dans le laboratoire sécurisé ? J’entendis le hurlement du professeur à l’étage, descendre vite.

Je me suis cachée dans le bureau à côté du laboratoire, les lignes téléphoniques sont coupées, j’essaie d’oublier le regard avide de sang qui me revient sans cesse en mémoire. J’ai oublié qu’il y avait un code au laboratoire et qu’il a été changé après l’accident et que je ne l’ai pas… Je vous présente mes excuses au nom de mes employeurs, ils ne souhaitaient pas tout cela, ils ne voulaient que faire avancer la science. D’ici peu, il y aurai des morts par dizaine, après nous et la police n’aura pas d’indice. Bientôt, ils ne se cacheront plus, bientôt tout le monde verra ces monstres au grand jour. Il y a quelques heures, ils ont essayé d’utiliser les explosifs pour faire sauter la porte, je pense qu’un petit nombre d’entre eux est mort. On dirait qu’ils font une autre tentative. Je m’appelle Marie Acquiline, je suis un être humain et je me trouvais sous cette table impuissante…

Les néréides 2

En un mois, les deux enfants avaient atteint une taille adulte, leurs jambes s’étaient transformées en une queue écailleuse, qui se terminait non pas en une nageoire, mais s’étirait de façon disproportionnée en une sorte de fil presque aussi long que leur corps tout entier. Les parents, effondrés, n’avaient rien pu faire pour enrayer cette transformation. Ils n’avaient averti personne et se contentaient d’observer l’évolution de ces enfants et de les soutenir du mieux qu’ils le pouvaient. Ils déménagèrent dans une villa près de la mer, située dans une crique à l’écart, très difficile d’accès. Les « enfants » nageaient toute la journée, leur « fil » caudal leur permettait de se saisir avec une extraordinaire facilité de toutes sortes d’objets et d’animaux. Leur dextérité croissait, ils avaient fini de grandir, leurs visages redevenaient harmonieux et presque humains. Les parents passaient la majeure partie de leur temps dans l’eau à les surveiller, même s’ils étaient totalement impuissants.

Le premier fait, qui les fit douter des intentions de leur progéniture à leur égard, les laissa hagard sur la plage. Les « enfants », sans aucune provocation de leur part, s’étaient mis à leur serrer le cou sous l’eau avec leur queue filiforme, comme ça, juste pour voir s’ils pourraient le faire, si leur parent arriverait à survivre, se débattrait, tenterait quelque chose… Ils s’étaient mis eux aussi à expérimenter des choses sur leur parent. De loin, alors qu’ils voyaient leur parent se redresser sur la plage au sec, ils avaient eu cette phrase étrange : « les cellules ne se détruisent pas, elles fusionnent… » Dès lors, le couple comprit qu’il ne s’agissait plus là de leurs enfants, qu’ils avaient été remplacés par quelque chose d’autre, par une entité bien supérieure, quoique immature dans bien des domaines. Ils ne rentrèrent plus jamais dans l’eau et se munirent par précaution d’armes à feu. Les jours suivants, ils virent non plus deux têtes émergées au loin, mais quatre, puis huit : ils se reproduisaient ! Curieusement ces êtres cherchaient toujours à communiquer avec leur parent, ils avaient, semblait-il, besoin de temps en temps de conseils et d’une apparence d’amour. Mais ces recours restaient épisodiques et fugaces, les parents craignaient énormément les réactions de ces monstres à la psychologie méconnue et fragile. Ils étaient dans une impasse et ne voyaient que faire : avertir les gens du danger potentiel, ne rien dire, partir pour s’éloigner au mieux de ces monstres… toutes les possibilités semblaient justes et d’égale importance. A la longue, ils avaient fini par déceler des clans au sein du nouveau groupe : majoritairement, ils semblaient avoir adopter un mode de vie pacifiste, bien que les femelles dominent incontestablement les mâles. Mais certaines d’entre elles semblaient plus fragiles, plus impressionnables et elles arrivaient souvent au bord de la plage en gémissant des phrases incompréhensibles : « Peur… il fait noir ! peur… » Ce groupe là acceptait plus facilement de se confier aux scientifiques, il était demandeur d’attentions et sensible aux consolations. Par leur biais, le couple arrivait la majeure partie du temps à déjouer les tentatives les plus hardies pour sortir de la crique et tenter le contact avec d’autres hommes dans la ville voisine. Au fil des générations, ils avaient observé que les caractéristiques physiques des monstres se démarquaient de plus en plus du côté poisson, les tous derniers nés avaient même retrouvé l’usage de leur jambe sur la plage. 

Les Néréides 1

Ils étaient deux, un homme et une femme, amoureux l’un de l’autre et tous les deux de la science. Ils voulaient faire progresser les choses et leur bien-aimée science. Les raisons profondes pour lesquelles ils ont agi ainsi resteront à tout jamais perdues. Mais, à partir de leur découverte, un faisceau de circonstances tragiques a conduit à ce que je ne puisse vous écrire ces quelques faits que, retranchée sous la table de mon bureau, le cœur palpitant au moindre bruit, n’écrivant qu’à la lumière du jour qui décline et n’osant rien allumer… non ! je suis sûre qu’elles sont là, dehors, à rechercher ce qui bouge encore, hors de leur contrôle. Je vais vous dire ce que je sais et ce que j’ai appris, à vous qui me lirez plus tard, si vous n’êtes pas des leurs… Je laisserai ce message caché dans le rebord du faux tiroir de ce bureau et j’essayerais ensuite de fuir vers le laboratoire, pour tenter quelque chose…
Voici ce que je sais du départ de toute cette histoire et de ses conséquences incontrôlables : le couple, dont je vous ai parlé plus haut, avait décidé de prouver que les sirènes, décrites dans les récits de l’antiquité, ont réellement existé et qu’il était donc possible d’en trouver la trace et de les recréer. Ils passaient tout leur temps dans leur laboratoire, à travailler sur l’ADN d’animaux dont je ne connais pas le nom et dont j’ignorais même l’existence. Au dehors, la vie suivait son cours et il était bien difficile pour eux d’élever avec soin leurs deux enfants, adorables au demeurant, mais turbulents, comme des enfants. Ils ne les autorisaient, que rarement, à entrer dans leur laboratoire et leur interdisaient, évidemment, de toucher à quoi que ce soit. Bien sûr, les enfants ne suivaient aucune de leur consigne : leur but n’était pas de voir le laboratoire, mais d’obtenir leur attention, à eux, leur parent. Cependant, pour éviter les foudres parentales, ils agissaient toujours en cachette, dérobant un stylo ici pour le remettre là-bas, tout mâchouillé, subtilisant des notes pleines de chocolat ou collantes de chewing-gum. Leur tâche était facilitée par la vitesse avec laquelle les deux scientifiques faisaient abstraction de leur présence, lancés sur une nouvelle piste et concentrés tout entier sur de nouvelles manipulations.

Un jour, pourtant, ils eurent à regretter amèrement leur attitude, mais ce fut malheureusement trop tard. Comme à chaque fois que les enfants venaient, les parents leur interdisaient systématiquement de s’approcher à moins d’un mètre d’une certaine armoire. Les petits, croyant qu’elle contenait des boissons magiques qui hypnotisaient leur parent, finirent par arriver à l’ouvrir et se saisirent chacun d’une sorte de petit verre qui contenait un liquide coloré aux reflets enchanteurs. D’une traite, ils en avalèrent le contenu qui se révéla tenir d’avantage de l’huile de ricin que du philtre d’amour, ils remirent les verres en place et se retirèrent à la cuisine pour manger quelque chose qui ferait disparaître l’odieux goût dans leur bouche. Il ne fallut que quelques semaines pour que nos deux scientifiques retrouvent les auteurs de cette disparition, les signes en étaient évidents : une forte propension à prendre des  bains, l’envie impérieuse de manger du poisson et des modifications physiques impressionnantes. 

Ma dose d'art

Quand tout est gris
Identique
Renouvelé à l'infini
Il faut prendre le temps
De rompre la succession
Des jours

On peut par exemple, 
Se rendre dans un musée
Il n'a pas besoin 
D'être grand, connu, bien fourni
Un musée de campagne
Humble et simple
Suffit

Comment se recharger ?
Poser à l'entrée 
Son âme d'adulte
Et se laisser envahir 
Par la joie 
Enfantine.

Admirer l'adresse du peintre
Le coup de pinceau
La texture
Les couleurs
Chercher le message
Et laisser se multiplier
L'enthousiasme,
Au sens étymologique
Du terme.

Si vous n'avez pas de musée
Près de chez vous ?
Laissez vous envahir
Par de bons effets spéciaux
Par les sentiments exprimés
Par des acteurs talentueux
Vibrer en vous connectant 
A l'action
Réfléchissez avec le détective

Laissez pour un temps
Vos bonnes manières
D'adulte
Le cerveau qui dit
Ce sont juste des effets spéciaux
Il n'est pas si terrifiant sans maquillage
Et acceptez d'avoir peur,
D'aimer, de souffrir
De voler, de voyager
De sauver le monde ou de lui survivre...

Emplissez-vous d'énergie
Pour affronter chaque jour,
Avec confiance et envie !