Article épinglé

On m'a appris

On m'a appris
La différence
Entre une tourterelle
Et une pie
Entre un bourdon
Et une abeille
Entre une sauterelle
Et un grillon
Entre une pâquerette
Et un bouton d'or
Entre le premier quartier
de Lune
Et le dernier quartier 
de Lune

On m'a fait 
Chasser des trèfles
A quatre feuilles
Traquer des cèpes
Au milieu des ronces
Cueillir des cerises
Sur l'arbre
Humer des violettes
Planter des iris

On m'a fait marcher 
Sur l'herbe
Dans la forêt
Sur la route caillouteuse
Sur la route goudronnée
Sur le sable
Sur les galets
Sur les gravillons
Dans l'eau

Tout cela ne se dit pas 
Forcément
A l'école
Tout cela ne se trouve pas
Forcément
Sur internet
Sur des tablettes
C'est le devoir des générations
De transmettre 
Aux autres
Ces secrets
Qui n'en sont pas vraiment

La Nature et ses mystères
Passe de mains en mains,
N'arrêtons pas la chaîne !

Qu'aurions-nous été
Sans le premier éclair
Qui révéla
Le feu à l'humanité
Démunie ?
Sans le premier hominidé
Qui l'a observé ?
Sans le premier hominidé
Qui a su le reproduire,
Puis le transmettre ?

Mon futur rêvé

Pour l'année à venir
Je demande
De l'amour
Du partage
De la solidarité
Du respect

Je souhaite
Un avenir 
En harmonie
Avec la Nature
Où les poisons
Sont visibles
Et contenus
Où l'on préfère
Une vie 
A de l'argent

Voir disparaitre
L'angoisse de manquer
Dans l'esprit des hommes
Supprimer une abondance
Qui n'est 
Qu'une mise en esclavage
Préférer la qualité
A la quantité

Retrouver le savoir-faire
Des anciens
Pour se relier
A une médecine 
Naturelle
Évoluer 
Vers un mieux
Plutôt qu'un plus efficace
Plus pour moi,
Mais pour mes enfants


Où est passé Noël...

Petite,
Noël,
C'était un papa détendu
Joyeux
Qui écoutait en boucle
Les chansons de Noël
Allumait des bougies 
S'amusait à répandre des guirlandes
Sur tous les plafonds
Prenait le temps 
De s'allonger avec nous
Pour des siestes interminables.
C'était des films 
Comme Star wars
Des westerns partagés
Avec lui
C'était la routine
Cassée

Plus grande,
C'était la chasse 
Aux trésors
Par toute la maison 
De mamie
C'était la frustration
Ou la joie
Les jeux
Si agréables
Au bon goût 
De nouveauté
Les premiers de l'an 
En musique
Et les longues rigolades

Bien plus grande,
C'est la frustration
De réussir ses bûches
Le stress des autres, 
Leurs attentes, 
Leurs besoins de parler
Ou de se taire
La constante envie
De son conjoint 
Qui s'occupe de lui

La foi

Avoir foi en l'autre
Est toujours plus facile
Que d'avoir foi
En soi-même

Croire en ses capacités
Croire en ses possibilités
Croire au fait qu'on puisse
Servir à quelque chose 
En ce Monde
C'est une montagne
Qu'on n'apprend jamais 
A escalader

Encourager l'autre
Lui montrer ses progrès
Les possibilités infinies
Qui s'ouvrent devant lui
Est infiniment plus simple

Et cependant
Si chacun d'entre nous
Écoutait sagement 
Ce que son coeur
Lui dicte 
Au quotidien
Le Monde serait
Enfin 
Positif
Ouvert
Et agréable pour tous

L'autre n'est pas l'ennemi
Nous ne sommes pas 
Notre propre ennemi
Non plus

Le Lutin Poubélos

Il était une fois
Mme. X et M. Y
qui décidèrent de se promener
Et de partir loin pour 
Un week-end tout entier

"Mais que mangerons-nous ?"
Se soucia la Dame.
"Nous n'avons qu'à nous arrêter
A un supermarché !
Nous avons de la route à faire
Et je ne veux point m'arrêter sans arrêt"
Lui répondit son mari.

Prenant bien soin 
De choisir leurs achats, 
Voici que dans une jolie poche
Ils transportent des sandwichs
Des chips, des desserts
Et toutes sortes de gâteries,
Et bien sûr de l'eau ! 

Ils cheminent gaiement, 
Mais à midi 
La faim se fait sentir
"On va bientôt s'arrêter, 
Dès que je trouve un coin sympa !"
Dit le monsieur

Et ainsi ils firent, 
Dépliant une couverture 
Pour l'occasion, 
Ils mangèrent avec appétit
Se remémorant leur jeunesse
Ils étaient détendus 
Et non point sur leurs gardes

C'est alors que le lutin Poubélos
Se glissa auprès d'eux
Se réjouissant
De faire de nouvelles victimes

"Mais que va-t-on faire de tout ça ?"
Demanda la Dame 
En désignant le sac 
Plein des restes du repas

A cause du lutin Poubélos
Ils ne voyaient plus
Que reliefs malodorants
Déchets encombrants
Et problème à résoudre rapidement

Le lutin avait effacé 
De leur mémoire
Le plaisir de l'achat
Le plaisir de la dégustation
Il avait dissout toutes les sensations agréables
Et maintenant cette poche autrefois
Si chère
Se transformait en montagne
D'immondices

"Y a qu'à le laisser là !"
Déclara l'homme
"Oui, les poubelles passeront bien"
Renchérit la Dame.
Et ils poursuivirent 
Sans se préoccuper de rien
Leur si joyeux week-end
Car le lutin avait aussi
Anéanti les réflexes
De respect
De propreté
De politesse

Gare à vous
Qui lisez ce texte
Maintenant que vous connaissez
Ce maudit lutin
Pour vous en prémunir
Qui que vous soyez
Répétez-vous ce mantra
Conjuratoire de lutin
"Et si j'étais dans mon salon, 
Qu'est-ce que je ferai ?"

Angoisses

Si le Monde n'est pas
Tel qu'on le voit
Tel qu'on le pense
Tel qu'on le ressent

Alors il est peuplé
De personnes
Sans scrupule
Qui pillent la Nature, 
La salissent,
La détruisent ;
Qui ordonnent qu'on tape
Sur l'autre parce qu'il porte 
Du jaune ;
Qui cumulent les biens
Avec avidité,
Essorant le peuple
Comme une éponge
Qu'ils pensent pleine ;
Qui insultent en rond
Une personne
Sans se poser
De question ;
Considèrent les femmes
A peine mieux que 
Ceux qui ne sont pas Européens
Et censurent tout 
Ce qui ne leur convient pas...

Ou alors, 
Le Monde est empli 
De mystères invisibles
D'êtres qui sont là
Et qu'on soupçonne
Lorsque disparait un objet ;
On peut parler aux animaux
Et les entendre répondre
On peut parler aux plantes
Et les entendre répondre 
On peut vivre en harmonie 
Avec la Nature
On peut la protéger
Et la transmettre en bon état
Aux générations futures
On peut inclure la magie
Dans sa vie
Et croire en un Meilleur...

Ou alors, 
On peut affronter ceci,
Tendre vers cela
Et se laisser bercer
Par les bras réconfortants
De la routine



Plusieurs

Je vole
Je vole tous les soirs
Si le coeur m'en dit
Je grimpe au haut des arbres
Et je vole, 
Je me laisse porter
Par le vent
Par l'envie

Je n'ai pas peur
De tomber
Je déguste
Le silence 
De la nuit
Les paysages différents
La légèreté du corps sans poids
Je vole...

Ou je combats 
Des armées 
Puissantes
A l'aide de mon intelligence
A l'aide de capacités surnaturelles

Ou je monte un dragon
Fort et puissant
Docile et fidèle

Je vis de nombreuses vies
J'en ai vécu sans doute 
Aussi

Elles m'habitent pour un temps
Elles veulent que je les note
Sur le papier
Suivant la muse de la journée
Quand elles sont tellement restées
Que je les connais mieux que mes amies
Ou elles ne font que passer
Et au matin je les oublie

Comme un sculpteur
Je les peaufine
Je travaille les émotions 
A l'envi
Et quand c'est prêt
Elles me quittent à travers
L'encre
Et je suis seule 
A nouveau


Le pays du Pays

On naît dans un pays, 
Quelque fois, 
Celui de ses parents
Quelque fois,
Un pays d'adoption

On est tous doué
De raison
D'intelligence,
Savoir l'utiliser
Est autre chose.

Quelles que soient
Les religions
Les croyances
Les traditions
La voie universelle
Est celle du Coeur

La voix intérieure
Qui guide
Et hurle
L'injustice
La peur
La tension
La joie
L'amour
L'émotion

Que faire 
Quand la voix du Coeur
Et celle du Pays
Se heurtent ?
Comment réagir ?
Abandonner le pays
Le défendre au risque de l'abimer
Le pays
Du paysan
La terre
Le terroir
Le lieu 
Au milieu du Pays
Qui est à soi
Que l'on connait
Que l'on ressent...
Que faire ?

Faire le gros dos
Et protéger les siens
Faire face
Et affronter les autres
Attendre 
Comme si on ne voyait rien
Que faire ?

Le vertige

Une feuille blanche
Un stylo
Un ordinateur
Un clavier
C'est la base
L'ouverture absolue
Du champ des possibles

Ici on a la chance
D'écrire ce que l'on veut
Sur ce que l'on veut
Pourvu qu'on ne se targue pas
De politique
De polémique

Alors sur quoi écrire ce matin
Petite réflexion en famille
De ma critique préférée
J'écris toujours mieux
Quand le cadre est imposé

Un concours
Une demande d'amis
Je me restreins
Dans leurs limites 
Pour leur faire plaisir
Et j'épanouis mon talent
Qui se concentre
S'exprime 
Comme un vin
Dans une barrique

Si la limite c'est moi
C'est l'horizon infini de l'océan
C'est le sable sans fin du désert
L'immensité de l'univers
C'est plus du jus de chaussette
Que du café italien
Ça se lit, c'est pas mal
Mais ce n'est pas inoubliable
Peut-être car mon public 
Aussi est infini
Vague, flou, anonyme
Peut-être car je ne sais pas 
Trop bien où je vais

Comme à la maternelle
Les m mal faits dans la ligne
"J'ai pas eu de chance..."
C'était pas moi, 
C'était mon stylo ! 

Remonter le for intérieur

Je ne serai jamais
Une artiste
Sur scène 
Face à un public

Ça me terrifie
Certes

Mais surtout
Par surprise
Me prend 
L'émotion

La foule amassée
Dans le même but
M'émeut
Malgré moi-même

Je ne suis pas 
Hyper sensible
Aux ondes électro-magnétiques
Je suis 
Hyper sensible
Aux émotions

Moi qui ne pleure 
Jamais pour mes enterrements
Ceux qui me touchent
Ceux de mes proches
Me voilà happée
Par l'émotion
Des autres
Par leur peine
Et les larmes coulent
Alors qu'elles ne le devraient pas

Je suis au spectacle
De fin d'année
Voyant des enfants
Qui ne sont pas les miens
Faire de leur mieux
Je pleure

Je suis au cross du collège
J'entends tous ces enfants
Qui encouragent leurs camarades
Peu importe qui ils sont
Et l'émotion me prend
Il s'en faut de peu
Que je pleure encore

Je pleure de joie, 
De sentir que ce Monde
Est encore habité
Par des êtres sensibles
Capables de se rassembler
Dans une même émotion
Et je suis émue

Ai-je jamais eu 
De murs solides
Qui me protègent ?
Ai-je jamais été
John Wayne ?
Puis-je le devenir
Et me couper 
De ce qui me fait 
Ecrire,
Peut-être...

Les semeurs

On sème des graines
Des graines virtuelles
Et qui résonnent 
Pourtant
Puissamment 
Chez les autres

Savoir se connecter -
Pour rester à la mode -
A l'autre
Sentir le mot 
Qui ne sort
Qui ne vient pas
Et qui pourtant 
Déclenche tout
Le dire
Et attendre

Attendre peut-être 
Une année entière
C'est le plus difficile

Et puis oublier
Se décourager
Douter...
Pour voir
Emerger
Tout à coup
La réussite
Dans le parcours
De l'élève

Est-ce soi ?
Est-ce le temps ?
Est-ce l'enfant qui a enfin
Trouvé le bon chemin,
Seul ?

La graine a germé
Enfin.

L'automne

Merveilleuse saison
Les feuilles 
Éclatent de couleur
Les oiseaux 
Chantent 
Et suivent
Garonne
Vers un ailleurs
Plus chaud

Le brouillard
Enveloppe de froid
Doux 
Les êtres et les choses
Trop longtemps
Chauffés

On peut rallumer 
Le four
Et agrémenter
Les noix
Noisettes
Dans des desserts
Gourmands
Et se rassasier
De soupes chaudes

La tendresse
De l'air
Redevenu clément
Autorise
Les châles amples
Les couvertures à plusieurs
Les pulls
Cotonneux 

Tout invite 
A la douceur
Au "doudounage"
Du corps
On se pelotonne
A nouveau
On retrouve 
Les clartés
De l'esprit
Et les envies
De l'estomac

Ha l'automne...

On reste une éponge

Les pédiatres disent
"Les enfants sont des éponges"
Ils absorbent
Les émotions
Des autres
Le langage corporel
Les mauvaises habitudes
Grimper sur une chaise
Pour atteindre autre chose

Mais on ne les essore
Jamais
L'adulte
Est pétri 
De ce qu'il a absorbé
Et même s'il n'en prend pas
Conscience
Il absorbe toujours

Les tics de son conjoint
Les habitudes de rangement
De sa belle-famille
Les rituels
Les non-dits

Il absorbe toujours
Les nouvelles déprimantes
Les technologies nouvelles
Les découvertes scientifiques
Les observations de la Nature
Les émerveillements du Cinéma

Il ne cesse jamais 
D'apprendre
Même si quelque fois
Il ne le remarque pas.

Qui ignore ce qu'est
Un PC
De l'ADN
Un drone
Un MMS ?

On apprend
On évolue
A nous de choisir...
Vers où ?

L'espoir

L'espoir
Un sentiment
Puissant
Celui qui fait
Se soulever
Les montagnes

L'espoir 
Un sentiment
De vide
Lorsqu'il disparaît,
Choisit de se loger
Ailleurs
Loin 

L'espoir
Un sentiment
A rallumer
Assez facilement
Quand on y réfléchit

Une citation
Une action simple
Un film
Une série
Une façon différente
D'envisager le Monde

L'espoir 
Un sentiment toujours
Sauf qu'on ne le sait pas.

Comme du cristal

Sentir
Sentir le stress chez l'autre
Celui qui ne vous connaît pas 
Encore

Se placer en retrait
Attendre
Encourager
Douceur extrême
Patience 

Sentir
La solidité de l'autre
Qui ne vous connaît pas
Encore
Mais a déjà des attentes
Des demandes
Des besoins impérieux

Se placer en retrait
Bien au chaud 
Dans sa coquille
Avoir 10 ans
A nouveau
Mais savoir 
Qu'on peut
Qu'on sait 
Proposer
Comprendre
Et attendre

Etre celle dont on attend
Beaucoup
Orgueil monstrueux
Partage approprié
Qui sait

Lord of the Rings

Il est des films
Qui vous marquent
Des sagas
Qui vous ensorcellent

Et dire que tout nait 
D'une passion...
La passion 
Pour un livre
De jeunesse
Probablement

L'envie irrésistible 
De faire vivre vos héros
De rendre hommage
De marquer son temps
D'utiliser à son maximum
Les technologies 
Modernes

Epoustouflant
Dépaysant
Déprimant 
Et tout à la fois
Si positif
Si empreint
De vie
D'amour
De haine
De violence
De douceur
D'honneur
De force
De tendresse

Et dire que le livre
Est si vide
De femmes
Releguées 
Dans les chroniques
Tout au fond

Toujours le même thème
Encore martelé
Même le plus petit être
Peut changer le Monde
Et si nos petites actions
Pouvaient sauver
Notre monde
Envahi de Saroumane
De Sauron
D'orques
D'uru kai dégénérés
Et si  le soleil revenait
Eclairer 
La Cité Blanche ?

Un mal tapi dans l'ombre

Une fièvre,
Une blessure,
Une toux,
Un nez qui coule,
Voilà le mal 
Identifié
Et battu en brèche

Un nuage noir
Sombre
Insidieux
Qui monte en vous
Ronge tout ce qu'il touche
Détruit tout ce qui vous importe
Qui le voit ?
Qui le croit ?
Qui peut le battre ?

Vous pensiez ce démon
Enchaîné 
Mais il est resté
Tapi dans l'ombre
Attendant patiemment
Son heure

Crise de la quarantaine
A retardement,
Hormones sans contrôle,
Fatigue passagère,
Déséquilibre intérieur
Du flux vital

Quand enfin
Vous trouvez 
La solution
Les éléphants roses
Peuvent à nouveau
S'installer...
Pour longtemps
J'espère



C'est pareil, mais différent

La rentrée est là
Tout retrouve un rythme...
Scolaire

Mes enfants
Résistent
Toujours
Aux consignes
A mes impératifs
Et le dragon manque
Maintes fois
De se réveiller...

Et puis la colère
Est poussée de côté
La raison l'emporte
Trouver des solutions
Au lieu d'appuyer
Sur ce qui est raté

Pas de short à mettre
Le matin au dernier moment ?
Impossible de laver
Sécher,
On pioche dans les vêtements
De secours,
Et alors
On met en place une stratégie
"Si tu vois 
Qu'il te reste
Deux shorts
Tout de suite
Tu demandes 
A faire une machine !
C'est compris ?"

Non je ne veux pas 
Surveiller
Les armoires 
De toute la maison
Un peu de responsabilité
Prendre soin de ses affaires
Savoir où on en est
Communiquer...
On va essayer
Encore.

Biologie

Nous sommes une biologie
On a beau 
Se convaincre
De notre évolution
Notre nature est Nature.

Prenez une technique
De relaxation
De bien-être
Celle qui vous 
Convient

Ajoutez un soupçon
D’entraînement,
Une ouverture 
D'esprit
Qui vous font faire
Des choses 
Que vous n'oseriez pas
Refaire en public

Et vous ressentirez 
Peut-être
Comme moi
L'impérieux silence
De la Nature
Et sa cohorte
D'inquiétudes angoissantes


Résolution

Cette année, c'est dit
Je revêts mon armure
J'empoigne mon épée
Et gare aux démons !

Viens donc ici
Toi le Doute 
Qui rend tout fade
Et vide d'intérêt
Tate un peu de la pointe
De mon stylo !

Viens donc ici
Toi l'Hésitation
Qui me fait perdre
Un temps fou
Je te passe
A la plastifieuse
Ça ne fera pas un pli ! 

Viens donc ici
Toi la Gêne
Qui transforme 
Ma garde-robe
En haillons
Je te découpe :
A la déchiqueteuse !

Ou alors
J'essaie
Encore et toujours
De cultiver mon feu 
Intérieur
Et de vaincre
Le regard des autres...



Mes doigts

Etre la petite 
C'est avoir envie 
De rattraper les autres
Devant 
Qui semblent tant
S'amuser 
Et qu'on semble 
Mieux considérer

Dès que j'ai appris 
A l'utiliser
Dès que j'ai discipliné
Mes doigts
J'ai su que c'était là
Le truc que j'avais,
Moi.

Qui m'a soufflé
L'idée 
Que je pouvais écrire
Que je devais écrire
Que mon destin
Ma consolation
Mon être intérieur 
Etait là

Ma soeur domptait
Les chiffres
Comme des lions
Obéissent au fouet
Elle les organisait
Les rendait logiques
Et utiles
Elle les faisait parler
Et voyait dans une entreprise
Comme à travers du crystal

Mon frère dompte 
Les chiffres
Pour redresser
Des structures 
A l'aide des forces
De la Nature
Des lois universelles
Il use de formules
Comme un magicien

Moi j'ai toujours eu 
Très peur des chiffres
Leur logique m'échappait
Me paraissait étrangère
Je n'ai jamais aimé suivre
Les foules 
Et apprendre sans comprendre
Je ne sais pourquoi
Le même phénomène 
Ne s'est pas produit avec
Les lettres

Il fallait que je travaille
Pour les faire chanter
Tandis que les multiplications
Devaient être apprises
Par coeur
C'était comme ça...
Je ne sais

Toujours est-il 
Qu'avec un stylo
Avec un clavier
Il faut que j'écrive
Il faut que je gribouille
Que je grifonne
Que je dessine
Il faut
C'est comme ça
Et si un temps
J'oublie, 
L'envie me reprend
Forte 
Intense
Intérieure
Impérieuse

Faut que ça bouillonne !

De temps en temps 
Mon cerveau s'empoussière
Comme un moteur qui s'encrasse
D'être resté à 50 trop longtemps...

Il lui faut un défi
Des défis
Rien de dangereux
Pas question d'Himalaya
Tout juste un accrobranche
Par ci par là

On s'échauffe avec 
Des jeux cérébraux
Au début on reste 
A ce qu'on connait
Mots fléchés, mots mêlés, 
On ose les anagrammes
Les énigmes
Les labyrinthes
Puis les mots croisés
Sudokus
Rikudos et autres
Activités mathématiques
Mais surtout logiques

Enfin on peut pimenter le tout
Avec quelques lectures pointues
Ou distrayantes
Des coloriages de mandalas
Divers et variés

On évitera tout ce qui touche
De près ou de loin
A son travail, 
C'est autre chose

Si le cerveau fonctionne toujours
Au ralenti
Et menace de caler
Voire de paresser
Vite proposer quelques visites
Dans divers musées
Et surtout des choses 
Enthousiasmantes
Passionnantes
Impossibles à arrêter
Et qui imposent un temps 
Certain
Les puzzles
La mosaïque
Les origamis
Le tricot 
Le crochet
Le bricolage

Tout
Plutôt que 
De s'engourdir
Car vient alors
L'insidieuse mélancolie
Et sa copine la déprime
Et ces deux-là s'installent
Pour longtemps...

Circuit infernal

Comme on voit la paille 
Dans l'oeil du voisin
Et non pas la poutre
Qu'il y a dans le sien

Je cours inlassablement 
Dans ma roue sans fin
Moi le cochon d'Inde 
Enfermé dans sa cage

Comme je voudrais
Etre un homme
Pétri de certitudes
Incapable d'explications
Sûr de son choix
Exempt de doute

Mais je suis une femme
Façonnée par la société
Sur le rôle à tenir
Inspirée par les comportements
De ma mère, de ma grand-mère
Bien déterminée
A ne pas les copier
Et poussée par la vie
A reproduire les mêmes schémas

Le doute insidieux
Appris en classe
Qui explique mon choix
De carrière
Qui m'a permis 
De faire évoluer les mentalités,
Car tout est explicable
Tout est logique
Tout se comprend
En changeant de point de vue,
Me pousse depuis 18 ans 
Maintenant
A m'interroger sur ma chance...
Comment se fait-il donc 
Qu'un homme a voulu de moi ?
Pourquoi suis-je attirée par cet homme là ?
Y a-t-il ailleurs quelqu'un de romantique
Qui m'attend désespérément ?
Devrais-je me contenter d'un macho
Qui s'exprime très bien 
En politique
Mais ne sait pas pourquoi il aime
Et encore moins le dire ou l'expliquer...

Voir les dysfonctionnements 
Chez les autres
Et être incapable 
De se décider pour soi
Histoire de paille
Et de poutre

Sécurité d'une maison
Avec de l'amour 
Sous forme de courses
De projets communs
D'enfants à élever
Ah la publicité mensongère
Il est un peu raté mon prince
Les gars...
C'est pas faute de lui faire voir
De magnifiques films
Bourrés de répliques romantiques
Mais rien n'y fait
J'ai épousé John Wayne...

Les Montagnes russes

Quand on est petit 
C'est la frustration 
Qui domine
L'éternelle rengaine
"Quand tu seras grand..."

Quand on est grand
Les regrets
"Tu es grand maintenant,
Tu dois..."
En circuit fermé.

Puis vient une espèce
D'époque bénie
On est grand
On est surveillé
Du coin de l'oeil
Mais on vous fait confiance !

Du coup, moi
J'ai eu peur,
Peur de décevoir
Peur d'avoir peur
Avec de nouvelles aventures
Je me suis recroquevillée
Dans la certitude de faire 
Ce qu'il fallait
Une auto-prison dorée

Puis sont venues les responsabilités
Les vraies
Découlant de l'amour 
Avec un grand A 
Comme publicité mensongère
Espoirs déçus
Découvertes étonnantes
Vie de couple différente 
De celle qui est vantée 
Dans les contes de fée

Et voilà maintenant une nouvelle étape
La trahison
Trahison de son propre corps
Je me lève, presque reposée,
Contente pour le moins
Je discute avec mon fils
Et il me fait une remarque, 
Il jette un coup d'oeil, 
Il m'interrompt
Et je sens monter en moi
Une antique envie de pleurer
Pourquoi ? pour rien
A cause des hormones ! 
Pour un film à l'eau de rose
Pour une histoire qui ressemble 
A la mienne 
Pour un appareil qui ne marche pas
Parce que mon homme ne m'a pas embrassée
Aujourd'hui
Les chutes du Niagara se déclenchent
Sans contrôle
Bêtement
Animalement presque
Mon monde s'écroule
Tout est insipide
Déprimant
Raté
Nul.

Je prends une profonde inspiration
Et j'applique la distraction
Si longtemps employée 
Avec mes bébés
Et voilà l'émotion passée,
Pour l'instant...
Ménopause, ils disent
Montagnes russes, oui !

Savoir lâcher

On peut parler de 
Lâcher prise
Ou de lâcher tout court

Concrètement
C'est comme un barrage
Hydraulique :
Il peut tenir
Une très forte quantité d'eau
Pendant longtemps
Juste parce que
De temps en temps
Un mince filet d'eau
Coule de l'autre côté

Mais s'il y a accident 
Et qu'une fissure se forme
Le poids de l'eau retenue
De l'autre côté
Fait s'effondrer l'édifice

Pleurer de temps en temps
Accepter qu'on soit triste
Que les choses ne se déroulent
Pas ou peu comme on l'avait prévu
Que la vie n'obéit pas
Plus que des enfants
Permet à l'édifice entier de résister
Ou alors on peut se permettre
Par des façons bien à soi
Ou par des personnes ressources
De vider régulièrement 
Et en sécurité le barrage
Pour qu'il se remplisse
Ou pas 
De nouvelles choses négatives
Ou des mêmes

Qui choisit ce cercle vicieux
Nous ou l'Univers ?