Article épinglé

Profite de la vie

Cent fois sur le métier
Remets ton ouvrage
Cent fois dans sa boîte
Range tes doutes...

Suis-je moins forte
Car je persiste
Ou suis-je faible
Car je ne pars pas ?

Je regarde ma maison 
Et ses trésors amassés.
Devrais-je m'en séparer ?
Pour qu'elle retrouve 
Du souffle
Comme ces émissions
Où les maisons prêtes 
A être vendues
Retrouvent un charme envoûtant 
Une fois désengorgées
De leurs objets indigestes...

Ou ces objets 
Pittoresques
Font-ils au contraire
De ma demeure l'unique,
Le nid idéal
Pour ma famille et moi

Souvent, je compare
Je jauge
Je juge
Mon intérieur 
A l'aulne des autres
Et je me méjuge
Car point n'est besoin là
De comparaison
Tous différents
Comme nos demeures,
Comme nos enfants
Comme nous-mêmes

Puissé-je un jour 
Etre fière
De cet amas 
De choses mal rangées
De cet amas
D'amour qui déborde
De cet amas
De souvenirs recueillis
Comme une galerie 
Gratuite et mystérieuse...

Le fuyant

Il glisse et fuit 
Se dissipe 
Dans le lointain
Et ne parait 
Que lorsque 
Vous ne l'espérez plus

Son estomac
Dicte ses choix
De telle réunion
De telle invitation
Si repas il y a 
Il sera là

Puis le dépaysement
L'appel de la maison
Impérieux
Voici son deuxième choix

La parole donnée
L'obligation
Les responsabilités

Toutes ces qualités 
Qui vous l'ont fait aimer
Se liguent à présent
Pour vous l'enlever

Combien il est attentif
Concentré
Avec les autres
Distant
Distrait
Ennuyé avec vous

Ignorant ce qui sera le plus blessant
Il en laisse ses phrases en suspens
Vous accusant d'avoir mal compris
Si vous avez fini
Ses discours fuyants
Au pire possible.

Est-ce vous qui vous enterrez vive
Dans cette sacrée maison ?
Est-ce lui qui vous y oublie 
Avec la certitude de vous y retrouver ?

Auriez-vous dû croire aux présages
et réagir dès le premier abandon
Dès le premier match
Dès la première contrariété
Dès la première fois 
Où, vous retournant, vous l'avez cherché...

Ou êtes-vous cette goule 
Si odieuse ailleurs
Que vous ne la voyez plus en vous ?