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Mon phare

La télé est un phare
Présente contre vents et marées
Toujours opérationnelle
Identique dans chaque maison

Lorsque nous avons déménagé,
Elle est restée mon seul point de repère 
Dans cet océan de nouveauté ;
Passé le choc d'un déménagement
Auquel je m'opposais fermement
Et lorsque j'ai bien compris
Que mon avis importait peu
Elle seule, me proposait exactement
Les mêmes choses que là-bas

Comme lorsque je partais 
Ailleurs
Chez mes grands-parents
J'avais au moins 
Un repère identique
Familier
Fidèle

Du coup, la simple idée
Que j'allais rater
Mon épisode
Mon programme
Ma série
Me mettait dans des états
Lamentables
Demandez-vous 
Si vous trahiriez une amie
De gaieté de coeur ?

Et puis la sagesse est venue
Le virtuel s'est peu à peu 
Détaché du réel
Promptement 
Remplacé par cette machine
Formidable, 
Capable de prouesses 
Illimitées :
L'ordinateur.

Le nuage noir

Lorsqu'on parle avec les gens
Depuis suffisamment 
Longtemps
On développe 
Une espèce d'image
Supplémentaire
En les regardant

C'est un instinct 
Qui s'éveille
Et s'entretient
Comme lorsqu'un chien
Vient spontanément vers vous
D'un simple regard
Ou lorsque vous vous méfiez
D'un autre, qui pourtant,
Semble tout doux

Certaines personnes
Qui ont besoin de vous,
Vous font confiance
Rapidement,
Place leur avenir
Entre vos mains,
Et vous suivent
Aveuglément,
Et pourtant 
Elles échouent...

C'est que,
Contrairement aux saints
Dont l'auréole blanche
Révèle l'âme pure,
Ces personnes
Sont ceintes 
D'une nuée noire
Opaque et persistante
Qui les empêche
D'intégrer et d'utiliser 
Pleinement
De nouveaux acquis

Elles se rendent compte 
De leur handicap
Sans arriver à le résoudre
Ce qui l'augmente 
Par une perte de confiance
En soi qui va crescendo

Cependant elles persistent
Résistent
S'accrochent
Et échouent bien souvent
A peu de points 
De l'examen...
Pour mieux briller
L'année suivante
Une fois qu'elles se sont 
Débarrassées
De leur encombrant nuage

Le plus difficile
Est cependant 
Ailleurs, 
Avoir la nuée noire
Soi-même 
Et l'ignorer.


Silence

Lorsque les trains 
Ne claironneront plus
Lorsqu'ils se croisent

Lorsque les transporteurs 
Ne cligneront plus
Des phares
Lorsqu'ils voient
Un confrère

Lorsque les motards
Ne tendront plus
Le pied
Pour remercier de s'être
déporté pour eux

Lorsque les gens 
Ne daigneront plus
Lever la main
Pour remercier
L'autre
Qui leur laisse passage

Alors le silence
Sera non plus salutaire
Et reposant
Il sera lourd
Et angoissant

Car alors,
La solidarité
La complicité entre hommes
Au sens large,
Le vivre ensemble
Avec l'autre différent
Mais pareil
Seront morts...