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Le Deuil

Le deuil pour moi
Est une blessure
Longue à cicatriser 
Toujours profonde.

C'est une nouvelle 
Dont on se détourne
Préférant, soulager cet autre,
Soutenir celle-ci.

C'est un trou béant
Au fond du coeur
Un manque affreux 
Quasi permanent.

C'est l'être perdu 
Rencontré partout,
Croisé dans cette voiture
Vu dans la rue
Plus jamais là.

C'est la difficulté de pleurer
En public
Devant tout le monde
Faiblesse face aux autres
Force face au défunt
Les larmes ne montent bien
Que chez soi, dans la solitude.


Et pourtant à certains enterrements
La solennité des lieux
La douleur des autres
L'écho dans mon coeur
Je pleurais sans retenue
Bêtement,
Longtemps

Le deuil 
C'est pour moi
Un manque 
Dont on ne peut s'occuper
Le coeur qui saigne 
Tous les jours un peu
Le corps qui se doit 
A sa vie, à ses enfants

Puis un jour, on se lève
On n'y pense plus
Ce n'est plus la première 
Préoccupation du matin
Ce n'est plus l'excuse
A toutes ses difficultés
C'est une part de vous,
Une blessure qui vous permet
D'évaluer tout le reste
A l'aune de votre douleur,
Une expérience,
Une pierre d'achoppement
Sur laquelle on peut construire
Qui permet de conseiller
Avec laquelle on avance
Enfin.

Réveiller la magie

Autrefois on peuplait la Terre
De dieux et autres divinités
Puis, on a élagué
Et on a gardé qu'un Dieu
Mais c'était un de trop 
Et on s'est tourné
Vers la Science.

Toutes les réponses 
Qu'elle nous a données
Les assurances
Les compréhensions
Tout ce savoir
Divisé
A tous ceux qui voulaient
Comprendre.

Source de joie 
Et de frustration
Qui ne peut lutter 
Contre la mort inscrite
Sur chaque prénom
La Science aide 
Beaucoup, mais n'est pas tout.

Une croyance persiste
Une croyance populaire
Une idée d'autre chose
Qui vit là, tapie parmi nous,
Invisible et puissante
Humble et active.

Sinon, à qui attribuer
Les objets qui disparaissent 
Au sein même de nos maisons
Quasiment sous nos yeux
Et qui réapparaisssent
Quelques temps plus tard
Comme par magie.

Le merveilleux est là,
Dans cet objet froid
Mais pas sans âme
Dans les souvenirs qu'il véhicule
Tous les jours sans relâche...

Transformez cette vieille chose
"Customisé" est le terme à la mode
Et elle reprend de l'éclat
Et elle réapparait à vos yeux.

Fées, lutins, farfadets
Visages étranges au milieu des nuages
Formes géométriques
Dessinées par Dame Nature
Tout est là 
Visible et invisible
Tout vient du coeur
Et tout y revient...


L'air du temps

A de certaines époques
On sent comme un chamboulement
Une chose se passe
Vous en avez l'intuition.

Le brouillard matinal
N'apparait pas,
Mais surprend tout le monde
Au soir
Sans crier gare...

La lune semble ronde,
Plus souvent,
Pleine,
Enorme,
Eclairant le sol 
Comme un soleil pâle.

L'air est chargé
D'humidité
D'électricité
De bons et 
De moins bons
Sentiments.

C'est l'heure 
Où les âmes trépassent
Où les haines se déversent
Où les coeurs gémissent.

C'est l'heure 
Où le Monde se tourne
Dans son lit
Changeant de côté
Cherchant une position
Pour s'assoupir 
A nouveau
Espérons...


A bas le chimique ! épisode 1

Aujourd'hui, point de poésie, je suis trop chamboulée pour ça. 
Un petit texte à épisodes pour vous présenter la transition familiale...

Etape 1
Les produits d'entretien !

Si vous ouvrez le placard dédié aux produits d'entretien, un jour ou l'autre, vous en aurez marre de voir 36 000 produits différents, tous hyper importants à un moment donné, mais pas nécessaires en permanence et qu 'il faut renouveler avant d'en avoir besoin, et ça fait encore des bidons et des effluves qui se diffusent dans toute la maison.
A partir de là, on ouvre ses oreilles et toute information est bonne à prendre. Les astuces des copines, comment fait belle-maman (même si j'ai commencé par m'en moquer abondamment et je le regrette), ce que dit internet... et vous tombez forcément sur le site de RAFFA, et sur son petit guide pratique du ménage :

Au début, super sceptique, pas très encouragée par son mari, (une lubbie de plus, pfff, et ça marche vraiment ton truc ?) ni par les enfants qui sont, faut-il le reconnaître, très très salissants lorsqu'ils sont petits... 
Et puis, un jour, vous plongez, en commençant petit : le liquide pour le sol : de l'eau, du vinaigre blanc et du bicarbonate de soude, avec des huiles essentielles (à laquelle vous étiez déjà convertie). Pourquoi pas...
Le truc semble inoffensif, mais est-il efficace ?
C'est parti pour l'utilisation : 
-"Chéri, tu remarques quelque chose ?"
-"non, quoi ?" 
-"Ben c'est propre !!"
-"ha oui..." large sourire de ma part "tu as fait avec ton truc ?"
Et là inspection appuyée en règle, "hum, hum, ça marche pas mal, on dirait même que ça brille non ?"

A partir de là, la partie est gagnée... ou presque, il faut penser à se munir d'une bouilloire pour faire du produit rapidement, parce qu'à la moindre marque de faiblesse, et il y en a eu, le mari rachète aussitôt le produit, appelé Kbeurk sur le net, parce qu'il faut que ça soit propre, non mais...

C'est sans doute, la chose qui peut décourager le plus, que le reste de la troupe ne suive pas un élan qui semble pourtant s'imposer de lui-même, cohérent, logique et économique en plus !
Quand on voit tous ces cancers qui arrivent sans antécédent, à tous âges, on se dit qu'il faut faire quelque chose si le gouvernement ne fait rien, qu'il faut préserver son environnement immédiat, qu'il faut se protéger des mollécules chimiques sans perdre pour autant le bien-être moderne, bobonne aux fourneaux peut-être, mais aux fourneaux high tech ! Si un produit dont vous connaissez les composants peut être aussi efficace qu'un produit dont vous ignorez les composants et qui relâchent des éléments nocifs dans votre environnement, pourquoi hésiter ? 
Ce n'était pas le reportage que j'avais vu sur ce sujet là, c'était bien plus scientifique, c'était un dimanche me semble-t-il mais ça m'avait interpelé.

Depuis, je me suis adaptée, j'ai toujours une bouteille de ce produit, ça nettoie aussi super bien toute sorte de chose, mais j'ai acheté un balai vapeur : une vieille serviette, de l'eau déminéralisée et de l'électricité, 10 s pour chauffer et hop, monsieur peut l'utiliser aussi et même mon grand de 10 ans ! 



L'hiver

L'hiver
C'est le froid
C'est le brouillard
C'est le ciel bas et lourd
Le soleil qui nous fait une surprise
Au milieu du ciel bleu et pur.

C'est la chaleur des radiateurs
Les portes calfeutrées
Les chaussettes tricotées
Le ronron de la chatte
Sur mes genoux, pelotonnée.

L'hiver,
C'est les tisanes de maman
Tilleul miel
Dégustées devant la télé
Sous une couverture chaude.

C'est le thé, 
Souvenir anglais,
Avec ses toasts grillés
Agrémentés de beurre et de confiture.

C'est les envies de sucré
De gâteaux
De crêpes
De fours chauds.

C'est les jeux de société
Les parties animées
Entre amis de passage
Avec les enfants 
Excités

C'est la paix,
Le calme propice
Aux bilans
La fin d'une époque,
Le début d'une autre.

La joie de Noël 
Mélangés à tous les autres
Le regard des enfants
Les émotions vives
Déboulants sur les joues
Sans retenue

L'amour
La famille
La joie
L'ours qui hiberne
En ronflant

Le for intérieur

Troisième dans la fratrie
La petite dernière
Renonce à faire des étincelles :
Tout est déjà fait, 
Deux fois, 
Avant elle.

Alors elle disparaît
Habituée à la discrétion
Habituée à être "la petite"
Soi-disant choyée
Toujours un peu effacée
Dans son for intérieur.

Elle s'est si bien faite
A cet usage,
Qu'elle reste humble
Devant tout,
Ne faisant pas étalage
De ses résultats
Sachant sa valeur
Dans son for intérieur.

Dédaignant la compétition
Par peur d'une mauvaise 
Evaluation
Elle ne juge jamais
Les autres
Mais se juge par rapport
A eux, 
Se dévalorise,
Se ratatine 
Au fond 
De son for intérieur.

C'est alors,
Que toute surprise,
Des petites choses
Réalisées,
Des riens entassés,
Des bouts à peine finis,
Lorsqu'elle fait le compte
De ses réalisations
Partout dans sa maison
Partout devant ses yeux
Souvent dans ses oreilles
Elle reconnaît
Le doux son 
De l'étonnement
Et des remerciements
Dans son for intérieur.

Tellement habituée
A laisser la couverture
Aux autres
Que lorsque distraite
Elle en tire un bout
Elle découvre
La réalité
De ses actions
Que lui chuchotait
Son for intérieur.

Je rêve éveillée

Découvrant les capacités 
Illimitées de l'esprit,
Je retombe en enfance,
Me rappelant les heures
De rêvasseries
Ininterrompues...

Autrefois, 
Chevauchant dans les Rocheuses
Aidant les cowboys 
A escorter leurs bétails,
Ou bien traquant 
Les contrevenants
Sur une moto de la police
Ou guidant les pompiers...


Aujourd'hui,
Je délaisse ma navette
Spatiale,
Pour des dialogues
Plus prosaiquement
Terriens,
En anglais,
Je rêve encore 
Que je rencontre
Mes idoles
Et que nous nouons 
Des liens
De mille façons 
Différentes
Toutes, me mettant
En valeur

Qu'est-ce au fond qu'un écrivain,
Un enfant qui rêve à l'écrit,
Qui crée des mondes 
Entiers,
Et les rend vivants...
Je me rappelle 
Cet épisode de la quatrième
Dimension
Où un scientifique
Ayant créé je ne sais 
Quel insecte
S'aperçoit
Qu'il est son Dieu...

Ce n'est au fond
Que vases communiquants :
Une inspiration jaillit,
Qui a été créée par un autre,
Et donne vie à un autre...
Le doute ensuite,
L'odieux doute, 
Suis-je lu,
Suis-je apprécié,
Dois-je continuer,
Suis-je l'idole de quelqu'un ?...

Mon grand oncle

Mon grand oncle
Etait un homme connu
Autant que moqué.

Il circule sur lui 
Des tas d'histoires :
On parle d'un homme
En soutane et béret
Qui prenait la route à pied
Pour aller célébrer un mariage,
Qui sortait de ses poches
Une boîte de sardines,
Pour son petit-déjeuner ;
Connaissant Michel Serres 
Et beaucoup d'autres personnes.

Pour moi, c'était un homme
De foi.
Lorsqu'il parlait 
De la bible,
Une aura l'entourait,
Une passion débordante,
Une force incroyable.
Il n'avait pas de voiture,
Pour ne rien posséder 
En ce monde,
Ouvrant sa porte 
A tous les nécessiteux,
Pratiquant la charité
Qu'il prêchait,
Vivant son engagement 
Pleinement.

J'espère avoir un peu 
Hérité, 
De sa volonté
Inébranlable
D'aider autrui,
De ses facilités 
Pour les langues
Anciennes
Et 
De sa bonté
D'âme
A refuser 
De juger sur les apparences.
Merci à toi, René.

Maintenant que je suis grande

Maintenant que je suis grande,
Je ne rêve plus de navette spatiale,
Ni de prince charmant,
Ni d'homme enjôleur.

Maintenant que je suis grande,
J'essaie tous les jours 
D'être fière de moi,
Je me consacre à mon travail,
Le temps qu'il faut
Ou le temps volé 
Entre deux autres choses à faire

Maintenant que je suis grande, 
J'ai réussi deux enfants
Deux merveilles
Et deux monstres 
Dévoreurs d'amour 
Et d'énergie
Deux petites piles d'amour 
Aussi.

Maintenant que je suis grande,
Mon cœur est plein 
De mon homme
Ni câlin, ni enjôleur,
Ni très beau, ni très laid, 
Mais aimant quand il faut
Mais présent dès que 
J'ai besoin
Pas vraiment encourageant
Ni décourageant non plus
Maladroit à me faire craquer
Doux avec ses enfants
Doux avec ma famille

Maintenant que je suis grande,
Je vois l'avenir s'ouvrir
Le monde bouger
Et moi au bord 
De la piscine
Hésitante à sauter
Presque sereine
Apaisée
Presque confiante
Et toujours
Poussée en avant
Vers un mieux rêvé.

Quand je serai grande

Quand je serai grande,
Je prendrai une navette 
Pour me rendre à mon travail,
Je serai peut-être 
Copilote d'un vaisseau spatial...


Voyager sera facile :

Un simple portail dimensionnel
Suffira...
La sagesse sera acquise,
Chez tous,
Et on prendra soin de la Nature
Avec laquelle on vivra en harmonie.


Quand je serai grande,

Tout le monde m'écoutera,
On pourra échanger,
Sans s'énerver,
Tous les avis compteront.


Quand je serai grande

Je rencontrerai 
Un garçon formidable
Peut-être un John Wayne
Un Tom Cruise
Un Tom Selleck
Un Harrison Ford
Qui sait ?
Et il me traitera
Comme une princesse 
En me glissant des mots doux
Comme font les acteurs
Au regard enjôleur...

Le requin de table

Alors que nous sommes 
Tranquillement attablés,
Le requin s'approche,
A pattes de velours.

Les sens aux aguets,
Le regard perçant,
Elle s'approche doucement,
De sa proie...

Serait-ce un reste délaissé, 
D'une assiette tombé,
Ou bien une mouche
Ose-t-elle entrer dans son territoire ?

Peu importe, Lilas la tigresse,
Troque son pas tranquille,
Ou agité si quelqu'un
La provoque
A l'aide d'une balle, 
Pour celui, délicat, 
Des félins sur le qui-vive...

On semble entendre 
La célèbre musique,
Ta dan, ta dan, ta dan....
On voit les Dents
De la mer 
Approcher,
Ce sont les Crocs
De la table 
Qui s'apprêtent à 
Fondre sur leur proie !

Aussitôt vu,
Aussitôt englouti,
Un reste de viande
Tombé de la fourchette
Agitée du plus jeune 
Et c'est la récompense
Des minutes passées
A épier la faille,
Chez l'adversaire.

Point n'est question de plaisanterie,
Quand il s'agit du repas
Et même si ce n'est pas le sien,
Elle se l'approprie sans vergogne :
C'est le règne de l'instinct.

Brouillard d'automne

Brouillard d'automne,
A la Toussaint, 
Tu donnes
Tes lettres de noblesse
Au paysage... 
Tu laisses
Apparaître les toiles 
D'araignées, 
Comme des étoiles
Accrochées alentour.

Brouillard d'automne,
Ou traces des âmes
Qui en silence
S'installent
 Sous les pas morts.

Combien d'être disparus,
Animaux, insectes, personnes
Depuis que le monde est monde
Gisent sous nos pieds ?

J'aime cette humidité,
Ce réveil de la terre,
Ce mystère installé,
Qui me fait languir
La neige
Et son blanc cortège 
Bientôt installé.

Puis, lorsque le soleil perce
Cette nappe de silence,
Qui fait ralentir les voitures
Et éclairer la route,
A celui qui peut observer
Les lambeaux de brouillard
S'envoler
On croirait voir 
Des fantômes qui enfin 
Atteignent
Leur demeure de paix.

Escape me

C'est une journée sans,
Comme il y en a de temps en temps
Une journée triste
Dedans et dehors
Une journée de découragement
Une journée d'abattement.

La nuit a été difficile
Des nuages ont obscurci
Les rêves
Votre monde est en mutation
Mais vous ne savez pas 
Très bien
Si c'est une bonne
Ou une mauvaise chose...

L'homme quitte une passion
Pour une autre.
Il feint de ne pas entendre
Ce qui le pousserait 
A se lever la nuit
A votre place.

Vous êtes toujours flottante
Entre travail et passion
Entre gagner sa vie
Et vivre sa vie
Entre décevoir tout le monde
Et se décevoir soi...

Vous noyez votre mélancolie
Dans des litres de café
Feignant de négliger le pire
Pour le garder dans le coeur
Plutôt qu'à l'esprit.

Et puis c'est le déclic
Personne ne vous suit
Pas même le chat
Vous ramez seule
Et à contre-courant
Toujours, partout, 
Pour tout.

Alors les larmes coulent enfin,
Pour tout cela 
Et pour bien d'autres choses,
Mais c'est le matin
Mais des choses sont à faire
Alors pour couper court au flot puissant
Escape me, escape game.

Le salut est dans la fuite,
S'échapper de cette pièce
Réussir, triompher,
Enfin.

Je comprends Proust

Lorsqu'il parle du coucher
Du déchirement de quitter
Sa maman
Je le comprends

La nuit peut être effrayante 
Terrifiante
Ou simplement 
Ennuyeuse
Inutile
C'est du temps perdu
On pourrait faire tellement 
D'autres choses encore

La nuit chez nous
Lorsque venait l'heure de se coucher
Je n'étais pas seule
Ma soeur dormait 
Dans le lit à côté
Jusqu'à ce qu'elle rentre
Au collège...
Elle glissait sa main
Sous le lit 
Et en sortait des bonbons 
Qui piquent sur la langue
Et d'autres sucreries...

Puis maman venait
Elle lui faisait une bise
M'en faisait une aussi
Puis gardait sa main dans la mienne
Si douce
Si chaude
Si rassurante
Jusqu'à ce que je m'endorme

Je me souviens de ce soir
Où elle avait dit,
"Je vais à la réunion
Parent-prof de Dominique,
Je ne peux pas rester aussi longtemps"
Mais j'avais insisté, 
C'était indispensable,
Et puis il était bon
Tout le monde le savait !
Je m'endormis
Puis je bougeais le pouce
Sa peau avait changé
Elle était différente
J'ouvris les yeux, 
C'était la main de ma soeur !
Quelle duperie ! 
Elle n'était qu'à moi maman,
Au moins le soir,
Au moins ce petit moment là...

Le défi

A force de chercher 
Des façons d'aller mieux,
Pour moi
Pour mes hommes
Pour ma chatte
Pour mes parents
Pour les copines,
J'ai fini par y voir 
Un peu plus clair
Dans ce fatras
Qui me constitue...

Qui suis-je dans le fond ?
Une énigme,
Mitonnée d'une moitié 
De chacun de mes parents
Façonnée par la vie 
Elle-même
Balottée entre plusieurs tendances
Et beaucoup de complexes
Je suis cette femme.

La dernière de la fratrie
N'aimant rien mieux 
Que de disparaitre
Dans la tapisserie,
Pour réapparaître
Avec rien moins 
Qu'un coup d'éclat
Un "ha" ébahi.

Dans le fond, 
J'aime les défis
Les choses impossibles 
A réussir, 
Qu'il faille me surpasser
Apprendre encore une nouvelle chose
Dans le but d'aider cet autre
Dans le but de supprimer un peu plus
De douleur
Dans ce monde
A ma façon....

J'aime le changement
La différence
La difficulté
Je me trompe dans la facilité
Par excès de confiance
Mais je suis tellement prudente
Quand je ne sais pas 
Que je faillis peu
Comme une sorte d'Apollon
Je rajoute sans cesse des cordes
A ma harpe
Sans bien savoir 
Si elles me seront toutes utiles...

Et si le silence se fait
Qu'il en vienne à être pesant
Alors je prends ce temps 
Pour observer mon monde,
Et je ne vois que les défauts
Les imperfections
Le manque de finition
Le manque d'attention 
Envers moi
Envers les enfants
Envers tout
Et tout autour de moi 
S'assombrit...
Jusqu'à ce qu'une peinture me sauve
Jusqu'à ce qu'une lecture me stimule
Jusqu'à ce sudoku, ce mot croisé
Ce cours tombé du ciel
Cette demande urgente
Et alors
Alors
Je retrouve mon enthousiasme
Alors
Je pourrais soulever le monde avec mon petit doigt !

6 ans

Six ans ont passé,
Ca y est, 
Ca va...

Les enfants ont grandi
Ils vont bien
Ils sont collants à souhait
Toujours en demande 
D'une nouvelle faveur,
D'une nouvelle attention,
Normaux et équilibrés...

Le mari est toujours là
Après douze ans officiels
Quatorze officieux,
Malgré les coups de gueule
Les sautes d'humeur
Les pleurs désespérés la nuit
Les balades plus ou moins
Romantiques
Les bisous, les câlins, 
Toujours là
S'améliorant
Comme le bon vin
Comme moi...

Et puis soudain
C'est le retour du monstre
Sous une autre forme
Agressif et sournois
Mais ce n'est pas le plus dur
Ce n'est qu'une secousse
Une réplique

Finalement ce qui réveille la douleur 
La vraie
C'est la souffrance de cette autre
Qui se voit partir
Bout après bout
Et dont l'orgueil se heurte à 
Cette déchéance 
Subite et violente.

Et ce sont les mots 
Qui sont mes amis
Que je cotoie
Que je chéris
Qui me trahissent dans la bouche 
De cet autre,
D'une violence inouie
D'une condamnation sans appel
Et qui réveillent
Tout le travail fourni
Dans l'épreuve précédente...

Non je n'aurais pas le courage
De reprendre 
Ce chemin
De repasser par là
Je ne pourrais pas 
A nouveau affronter ça
Prétendre que ça ira mieux
Qu'il ne faut pas perdre espoir
Qu'il faut y croire encore
Que de simples prières
Des certitudes du coeur
Seront assez puissantes 
Contre le monstre
C'est au-dessus de mes forces
Ce n'est plus moi

Cette fois-ci
Je choisis la fuite
Pour mon propre salut
Je ne peux pas.