Misha, lui, était détendu, il
avait l’habitude. Il suivit la personne qui nous attendait, nous amenant dans
d’interminables couloirs jusqu’à une sorte de loge avec un énorme miroir et des
lumières flashies. Une dame me demanda comment je voulais être coiffée, je lui
répondis « pareil » ; elle sourit, visiblement, ce n’était pas à
la mode. Tout en douceur, elle rectifia une mèche par ci, une mèche par là,
puis lorsqu’elle fut satisfaite du résultat, elle me céda à une collègue qui s’occupait
du maquillage. Tout ce que je pus lui dire c’était « few », en
espérant qu’elle comprendrait « un peu », mais elle m’expliqua
qu’avec les éclairages, il fallait tout de même en mettre pas mal.
J’étais en train de râler
intérieurement lorsque mon téléphone sonna, j’avais oublié de l’éteindre. Je
m’excusai auprès de la dame et discutai deux secondes avec mon cher époux pour
lui dire que je le rappellerai après. Alors que la dame s’apprêtait à
poursuivre, une tête passa la porte en disant, en anglais, qu’il s’excusait
mais qu’il voulait voir qui avait son générique sur son téléphone. C’était
Benedict Curcumber de la série Holmes, j’avais récupéré la musique de sa série
que je trouvais entrainante et dynamique et j’en avais fait ma sonnerie, ça
plaisait à tous mes élèves d’ailleurs !
Je rougis franchement, encore,
et j’expliquais brièvement combien j’adorais sa série et sa prestation. Il me
dit qu’il venait pour promouvoir son nouveau film : le deuxième opus de
Strange, j’étais trop contente, je lui dis que j’avais adoré le premier que
j’avais vu en 3D (j’ai bien galéré pour dire tout ça, d’ailleurs). Il semblait
content, je lui dis que j’étais avec Misha pour une interview, il proposa qu’on
partage un café ensuite.
C’était mon week-end de chance,
deux acteurs pour le prix d’un ! Il faudrait que je boive beaucoup d’eau
et que je prenne le temps de réfléchir à mes phrases, un vrai anglais, mon
dieu ! Il repartit se faire pomponner et je ne desserrai pas les
mâchoires, j’étais morte de trouille. Tout à l’heure, Curcumber demanderait « et
vous, vous jouez dans quoi ? » et moi je répondrais, « dans
rien, je suis une groupie folle » ! Mon dieu, quelle galère, mais
quel bonheur, mais quelle galère !
Misha vint me chercher et on
suivit quelqu’un d’autre, on nous présenta brièvement à l’interviewer, j’expliquais
que je comprenais bien si on parlait lentement et il me dit de ne pas m’inquiéter,
peine perdue… J’avais soudain une furieuse envie de prendre mes jambes à mon
cou, qui grossit encore quand j’entendis les applaudissements du public, mon
dieu, c’était en public ! Misha me sourit et me dit qu’il serait là aussi,
que je n’avais qu’à faire des phrases courtes. Des phrases courtes, des phrases
tout courts, ça allait être dur, mon dieu, courir discrètement jusqu’à l’aéroport…
Un monsieur avec un casque nous dit « ça va être à vous » et j’entendis
« Ladies and Gentlemen, today I receive Misha Stephens and… the Fantastic
French ! » tonnerre d’applaudissements, je suivis Misha en me disant
qu’il était drôlement connu ici ! On s’assit dans des fauteuils
confortables et c’était parti. Je répondis comme je pus aux questions, j’avais
la gorge nouée et sèche, j’essayais de respirer calmement comme en sophro et de
ne pas tout faire en apnée…
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