Et là je me suis aperçue que le
gars tenait une arme automatique avec ces deux mains. Il me regardait fixement
semblant chercher un truc à dire et puis, il me demanda « vous êtes
française ? », je hochais la tête et il poursuivit « ça fait, je
ne sais pas combien de fois que le monde est à deux doigts de disparaître à
cause d’eux, alors j’ai pris sur moi de les tuer… »
J’ai mis mes mains sur les
hanches, qui n’y sont pas restées longtemps d’ailleurs, je parle toujours à
l’italienne ; j’ai pris une profonde respiration et j’ai commencé à
argumenter : « non mais, vous pensez vraiment qu’ils viendraient pile
se jeter dans la gueule du loup, chez les hommes de lettres anglais ! En
plus, c’est même pas eux, ils sont mal rasés, le grand il a un bonnet ridicule
et celui-là a acheté une peluche ! En plus, ils sont tous mariés,
regardez-moi ces alliances ! Là ce sont des acteurs, ils sont engagés pour
faire les conventions à la place des Winhunters et si vraiment, ils voulaient
venir, Castello les téléporterait, ils ne prendraient pas l’avion ! En
plus, vous comptez faire quoi avec votre pauvre flingue, ils sont protégés par
Dieu lui-même, je vous rappelle ! »
J’étais bien lancée, tout en
m’inquiétant de la tête des dits acteurs plus pâles que des linges. Je me suis
dit qu’ils étaient bien crédules, comment une vraie arme aurait-elle pu arriver
si loin dans un aéroport, c’était forcément une fausse et puis il la tenait peu
fermement, ce n’était pas un pro, il y avait donc peu de risque. « Bon,
vous vous êtes trompés, ça peut arriver à tout le monde… Mais maintenant, il
faut baisser votre arme, ça fait peur aux gens, regardez la tête qu’ils font
tous ! » Le gars, tout dépité, finit par baisser son arme en
marmonnant « Sorry, I make a mistake » (Désolée, je fais une erreur). Mais il ne put pas
s’expliquer bien longtemps, trois gros costauds de la sécurité de l’aéroport,
le mirent à plat ventre avant d’avoir pu dire ouf et se saisirent de l’arme. Il y
eut une grande respiration générale et tout le monde se mit à applaudir en me
regardant. Misha me prit dans ses bras et Johnson me donna une grande tape sur
le bras.
Mon mari arriva par derrière en
marmonnant « il n’y a que toi pour te mettre dans des situations pas
possibles, on peut y aller maintenant ? » On venait me serrer la main
de partout en disant « Thank you » (merci), les acteurs n’arrêtaient pas dire
« fabulous, incredible, you’re a heros » (fabuleuse, incroyable, vous êtes un héros) et plein d’autres choses du
même acabit. Un policier s’approcha de moi en demandant « you’re a professional
negociator ? » (Vous êtes une négociatrice professionnelle ?). Je n’avais jamais entendu cela avant et je le fis
répéter, et puis, je finis par comprendre et lui répondis « no, I don’t
work with police, I’m a teacher ! » (non, je ne travaille pas avec la police, je suis enseignante) avec un large sourire.
« Bon on va vraiment finir
par le rater l’avion ! » s’énerva mon mari. « Ca va, ça va, je
viens ! » je fis un large signe d’aurevoir de la main et m’apprêtais
à partir. Jasper Alexy me rejoignit pour me demander au moins mon nom, je lui
remis rapidement ma carte professionnelle en lui demandant de garder ça
secret, et je courus pour rattraper mon ogre. Il fut d’une humeur
massacrante tout le trajet jusqu’à l’avion. Il fallut que je m’excuse un
millier de fois et que je lui certifie que, tout d’abord, je n’avais pas vu
l’arme et que de toute façon, elle était certainement factice.
Tranquillement installés dans
l’avion, je me concentrais sur le hublot et le tarmac, en réfléchissant à ce
qu’il faudrait que je fasse en rentrant. Quelques minutes après le décollage,
une hôtesse se présenta avec deux coupes de champagne et des amuse-gueules
« mais on n’est pas en classe affaire… » dis-je bêtement, comme si
elle ne le savait pas. « De la part du personnel de bord, pour avoir évité
un bain de sang à l’aéroport, Madame » fut la réponse de l’hôtesse. Je
passais instantanément au rouge tomate et Mathieu continua de grommeler
« on n’a pas fini d’en entendre parler de ton exploit ! »
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