Article épinglé

Fantastic french 5

Misha m’appelait de temps en temps, c’était celui qui parlait le moins vite et qui se souciait de savoir comment j’allais. Johnson m’envoyait des mails pour que je lui donne des conseils pour ses enfants et je recevais des photos de Jasper depuis le plateau avec les blagues qu’ils se faisaient avec Mark. Ils avaient instauré une sorte de compétition depuis que Mark avait trouvé l’intérieur de sa caravane entièrement recouverte de photos de Misha.
J’avais aussi des appels pour des cours d’anglais principalement, une prof qui passe à la télé, c’est forcément du haut niveau ! Mais je mis vite le haut-là, j’avais déjà une bonne dizaine d’élèves, plus quelques extra et je fatiguais déjà. Quelques sociétés me contactèrent enfin pour que je fasse de la publicité pour leur produit ou pour sponsoriser mon véhicule ou que je mette une affiche chez moi, bref, des tonnes de d’offres diverses et variées, quelque fois très alléchantes.
Finalement, Misha m’appela pour me faire une proposition : une chaine anglaise l’avait contacté pour une interview et elle souhaitait que je vienne aussi. Il m’expliqua qu’il avait négocié pour une date proche d’une convention qu’il faisait en Italie, de façon à ne pas venir exprès et comme j’étais nerveuse, ça serait mieux à deux. Il rajouta qu’il en profiterait pour faire un peu de publicité à Grishwish, l’association dont il s’occupait et que si la journaliste posait des questions embarrassantes, il m’aiderait. D’un côté, j’étais rassurée, mais reprendre l’avion pour aller à Londres, me faisait stresser un peu tout de même. Il me dit que les interviews ne duraient pas longtemps, grand maximum une heure, le temps de se faire maquiller et d’enregistrer l’émission et qu’on aurait tout le temps de visiter un peu la ville. Moins qu’un week-end devrait suffire, ça ne me ferait pas perdre trop de temps pour mes élèves. Je lui demandais tous les renseignements et lui dis que je devais y réfléchir et aussi consulter mon homme.
Avant qu’il arrive, j’avais déjà réfléchi à un trajet par train, via le tunnel sous la Manche, mais ça prenait au bas mot 5 heures, contre à peine une heure en avion. N’empêche, même avec des séances d’EFT, de sophrologie ou de magnétisme, je faisais encore souvent des cauchemars à propos de l’aéroport. Je voyais un fou furieux qui supprimait tout sur son passage et finissait par moi. Ou alors un groupe de gens qui se mettait à rire de moi parce que j’essayais d’arrêter un homme qui brandissait une banane en parlant espagnol (ce que je n’ai jamais appris). C’était l’horreur. J’avais réalisé après tout ça que les choses auraient pu très mal se finir et qu’on était passé à un cheveu d’une catastrophe.
Tout ce stress fut compensé par une série de colis venant des Etats-Unis, le producteur de Supranatural avait tenu parole. D’abord, il m’avait envoyé un package complet spécial fan absolue : j’avais tous les dvd, des photos dédicacées, individuelles, en groupe, des photos du plateau de tournage, un t-shirt, un pull, une casquette et même un collier avec le logo de la série, j’étais ravie. Mon mari ne disait rien, mais avait un vague air de moquerie au coin des lèvres. Et puis, je reçus un autre colis, pour les petits cette fois, des vêtements de la série, j’avais dû lâcher leurs tailles dans une conversation, je parle toujours trop… Et enfin, un dernier colis plus modeste contenait des vêtements imitant ceux des deux héros, à la taille de mon mari… Là c’est moi, qui me mis à rire franchement, et nous décidâmes d’un commun accord de renvoyer ce colis là…

A chaque fois, je faisais des photos envoyées en pièce jointe à Jasper en lui demandant de remercier son producteur. Ils étaient trop sympas. Toute cette histoire commençait à m’apprendre des choses sur moi : j’avais toujours eu envie qu’on s’intéresse à moi, mais maintenant qu’on le faisait, je ne savais pas comment réagir. Dans le fond, j’avais envie qu’on soit prévenant avec moi et si on l’était, je me sentais gênée. Ce n’était pas si facile d’accepter l’attention de l’autre, ça révélait peut-être aussi une faiblesse chez soi. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire