La Grand Borde

La Grand Borde

Bâtisse très ancienne,

Habitée depuis plus de cent ans,

On a dû déménager les meubles dehors,

Puis les y remettre

Afin d’éviter de déposséder le propriétaire de son bien.

Autrefois pourvue d’un escalier monumental,

Réservé aux maîtres,

Elle dispose désormais d’un joli jardin de roses.

Tout y est connu de la cave aux greniers,

La vieille TSF, les bouteilles ouvragées en verre,

Les cadres habilement dénichés parmi la poussière.

Il y a des armoires à trésor,

Des passages secrets,

On peut y jouer des heures

Au petit scarabée :

Seras-tu capable de marcher dans le couloir

Sans faire craquer une seule lame de bois ?

On devient un espion qui surprend son monde

Une chercheuse de cadeaux avant Noël

Très organisée avec le plan de son frère

Coché au fur et à mesure…

On peut aussi y construire des cabanes

De bottes de paille empilées,

Sous le grand hangar,

Non loin du pigeonnier.

À moins que, dans le cellier, on ne s’aventure

S’enivrer d’odeurs de vin

Ou qu’on accompagne la cueillette des œufs.

On peut enfin voir l’eau du puits,

Passer de l’étable à la maison d’habitation,

S’endurcir à franchir les zones noires

Sans allumer la lumière,

Ou aller se chauffer à la fournière,

Au son des blagues de l’Almanach de pépé

Ou à l’odeur des crêpes cuites au feu de mémé.

Maintenant, cette chaleureuse maison

A changé de propriétaire.

Elle s’est munie

D’une piscine

Et de panneaux solaires,

Et offrira sa protection

Pour quelques décennies supplémentaires

À des rires d’enfants

Et des après-midi de manille…