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Libération 1

    Qui a commencé ce mouvement ? Si on peut parler de mouvement ? Probablement eux ! D'abord, ils ont proposé du papier, à la place des billets et des pièces, pour payer. Ensuite, ils ont inventé une puce électronique et l'argent est devenu virtuel. Paiement par carte, paiement par virement, paiement par téléphone ensuite. Caisse automatique, ils ont gommé l'humain, l'échange réel, au profit du virtuel. Les jeux de marchande d'autrefois étaient parfaitement inutiles dorénavant, il n'y avait même plus besoin de réfléchir, de se rappeler des numéros, des codes, tout était automatique, désincarné, virtuel.

    Puis ils ont créé des algorithmes pour savoir ce que les gens préféraient, et orienter leurs achats, pour qu'ils dépensent toujours plus, toujours beaucoup, pour devancer leurs moindres envies, leur éviter de réfléchir, comparer, analyser, critiquer, juste acheter, encore et encore.

    Puis, ils ont augmenté les prix, d'abord des matières premières, c'était logique, rien n'est inépuisable. Puis, de tout le reste, insensiblement. Alors les gens ont commencé peu à peu à chercher des solutions alternatives. C'est là que tout a basculé, ils arrivaient encore à réfléchir par eux-mêmes. Malgré des années d'embrigadement scolaire, de nourriture télévisuelle insipide, de poisons dans leur nourriture, dans leur eau, dans leur environnement immédiat, avec la wifi, le bluetooth, la 4G, la 5G, ils arrivaient encore à réfléchir ! 

    Il y avait plusieurs catégories de personnes "résistantes". Les réfractaires, ceux qui ne s'étaient mis à rien du tout, par peur, car ça les dépassait, c'était compliqué, au-delà de leurs compétences de terreux ou d'artisans, de manuels donc. Ils continuaient à envoyer des chèques, à faire des déclarations papier, à faire comme leurs parents avant eux, simple et clair. Même si on avait pris soin de virer peu à peu cette génération là.

    Puis il y avait les idéalistes, qui voulaient plus d'authenticité dans leur vie, un contact direct avec la nature, soit pour raison de santé, soit par envie de simplicité, pour fuir la ville asphyxiante et son rythme effréné. Ils redécouvraient les producteurs locaux, les produits frais et consommés rapidement, qui n'ont pas transité par plusieurs pays et voyagé pendant plusieurs jours. Des produits anciens aussi, qui redonnent un goût à la vie, qui réveillent des sensations anciennes.

    Enfin, il y avait les aventuriers, qui quittaient tout par recommencer une nouvelle vie indépendante. En tout cas, des ressources payantes : l'eau et l'électricité. Ils se jetaient avec courage dans cette nouvelle vie, autonome et exigeante, il fallait prévoir, anticiper, travailler la terre et s'organiser, mais c'était pour une vie meilleure, pour un avenir en lien avec la nature, préservé des principaux maux qu'on côtoie en général dans une vie connectée ordinaire : les écrans et ses pollutions.

     Peu à peu, ils donnaient leurs solutions à d'autres, car manger mieux, c'est moins tomber malade, éviter le médecin, le pharmacien, le spécialiste, les analyses, être tranquille. Et leurs amis lançaient des recherches sur leur smartphone, leur ordi, leur tablette pour chercher les adresses, voir les prix sur les sites. Et ainsi, ils inondaient les algorithmes de nouvelles demandes.

    Au début, les programmeurs ont mis en place une parade, ils ont trouvé les mêmes produits chez des grands distributeurs multinationaux à moindre coût et qui proposent en plus la livraison. Certains ont craqué et d'autres ont pris leurs voitures et se sont mis à rencontrer les gens, qui avaient des publicités d'autres personnes et ainsi, ils changèrent leurs habitudes.

 

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